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Fauche écologique

Fauche tardive

Fauche tardive dans la réserve naturelle du lac de Remoray

Autrefois, avant la mécanisation, la fauche des marais était réalisée manuellement par les très nombreux agriculteurs de nos villages. On récoltait la laîche, en août ou en septembre. Ce travail sans doute très pénible s'est arrêté en première partie du 20ème siècle. Le marais a évolué librement depuis, soumis à un vieillissement accéléré par la dégradation des cours d'eau, malheureusement pratiquement tous rectifiés ou canalisés.

Remettre d'actualité la fauche des marais passait donc par l'acquisition de moyens modernes adaptés.

Depuis 1999, l'association gestionnaire a organisé les premières fauches tardives sur les marais de la réserve naturelle. Tout d'abord en louant les services de la vallée voisine du Drugeon, puis en régie depuis 2002, grâce à l'acquisition d'un tracteur Reform (tracteur de pente) équipé de pneus larges et basse pression pour un impact minimum en milieu peu portant (crédits Ministère de l'Environnement). Une faucheuse à disques, un andaineur et une pirouette d'occasion (tous soumis à des conditions d'utilisation rendues délicates par l'humidité, les touradons et les embâcles apportés par les crues) complètent l'équipement actuel. Enfin, une presse à balles rondes équipée de pneus larges basse pression a été acquise avec la vallée du Drugeon.

Un tracteur adapté pour faucher le marais

Objectifs de la fauche au marais

Le marais fauché

La diversité biologique des milieux naturels est le seul objectif recherché.

Comme pour le pâturage, la fauche n'est exercée que sur une petite partie du marais (environ 20 %), laissant une place privilégiée aux secteurs non gérés. Comme pour le pâturage, il ne s'agit pas de « faire propre », le marais étant tout sauf « sale » ! Aucun aspect économique n'est lié à cette pratique.

L'objectif est d'enrayer le vieillissement du marais par accumulation successive de matière organique, très importante en milieu eutrophe, au fil des décennies. Sans exportation de la matière organique, la litière s'accumule et finit pas élever le niveau du sol, suffisamment pour l'éloigner du niveau de l'eau et altérer ses conditions de milieu lié à l'humidité. La fauche, suivie d'une exportation sous forme de balles rondes, permet donc de stopper cette évolution négative et de sauvegarder la biodiversité.

Plus « violente » par sa rapidité que le pâturage, la fauche a l'avantage d'une exportation totale de la matière organique (alors que le pâturage engendre des refus et apporte du crottin qui peuvent enrichir localement le milieu). La question des dates est cruciale, car une fauche écologique doit s'opérer une fois le cycle biologique de la faune ou de la flore terminé.
Les fauches réalisées au marais ne débutent donc
pas avant la mi-août, et se poursuivent généralement sur septembre. Cependant, les conditions climatiques du Haut-Doubs ne permettent que très rarement une action mécanique après la fin-septembre, ce qui engendre une très courte saison de fauche. Pour cette raison, nous n'avons pu travailler avec un matériel unique pour la vallée du Drugeon et la réserve naturelle du lac de Remoray, pourtant très proches l'une de l'autre.

Fauche des prairies de la réserve naturelle en cours

Autre point important, la fauche s'opère, dès que possible, de manière centrifuge (de l'intérieur vers l'extérieur), pour permettre à la petite faune d'échapper à la faucheuse. En cas d'impossibilité (parcelles suivant les méandres d'un cours d'eau…), des « bandes refuge » sont conservées au centre des secteurs fauchés. Bien évidemment, la vitesse de fauche est très lente dans ce milieu difficile.

Effets induits par la fauche

Les effets sont différents en fonction des groupements végétaux présents. Dans la réserve naturelle, 3 types de milieux sont concernés par la fauche :

- les bas-marais : milieux pauvres en matière organique (oligotrophes) et d'une extrême richesse (botanique et entomologique). Ces secteurs ne sont jamais fauchés tous les ans, et la fauche s'inscrit dans le planning suivant :

Rotation fauche-repos-pâturage

La fauche s'exerce donc une année sur quatre en bas-marais.

- les cariçaies : plus eutrophes, certains secteurs de cariçaies sont fauchés chaque année pour offrir des secteurs d'alimentation aux anatidés (canards) et limicoles (bécassines) lors de leur migration. Complétant le reméandrement des cours d'eau, la fauche de ces secteurs a permis le recul spectaculaire du Phalaris, graminée envahissante en milieu humide perturbé au niveau hydraulique. Ces secteurs fauchés sont désormais très appréciés par les oiseaux. Un programme de baguage des bécassines est désormais en place (programme géré au niveau national par l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage / ONCFS). Depuis 2004, près de 300 bécassines ont été baguées sur ces secteurs, dont 80 bécassines sourdes.

- les phalaridaies : au nord du lac, des secteurs de Phalaris quasi purs sont fauchés depuis 2000. La diminution de la hauteur du groupement est observée, et limite les espèces de mégaphorbiaies au profit d'espèces de prairies (Pâturin commun…). La phalaridaie évolue vers la cariçaie (développement de la Laîche aigüe), ce qui favorise la Grande douve (protection nationale).

Andain

Plan de fauche

Balles de foin dans la réserve naturelle

Annuellement, un plan de fauche est élaboré en fonction des exigences et des objectifs écologiques de chaque secteur. Les difficultés sont toujours liées à la météorologie. Ainsi, la presse de balles rondes n'a pas été possible entre 2006 et 2008 (étés très pluvieux), alors que les conditions étaient exceptionnelles en 2005 et 2009.

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